La migration informatique défaillante chez Gifi révèle les risques majeurs d’un changement d’ERP mal préparé pour une grande enseigne.
- Une crise systémique touchant toute la chaîne logistique avec perturbation des stocks et désorganisation des commandes
- Conséquences financières graves : dette de 470 millions d’euros et restructuration massive négociée avec les banques
- Changement de gouvernance avec cession partielle du capital et nouveau leadership à instaurer
- Leçon essentielle : l’importance cruciale de la préparation organisationnelle et humaine avant toute migration informatique
La migration informatique de Gifi, enseigne de bazar français, a provoqué une crise majeure menaçant la survie de l’entreprise. Ce changement d’ERP (Enterprise Resource Planning) mal préparé a perturbé toute la chaîne logistique, entraînant des problèmes de stocks et de commandes. Les conséquences financières sont graves : tension de trésorerie et restructuration massive avec une dette de 470 millions d’euros que les banques acceptent de réévaluer sous conditions. Au-delà des aspects techniques, cette crise révèle l’importance cruciale d’une préparation organisationnelle et humaine pour tout projet de migration informatique d’envergure.
Sommaire
Les dessous de la migration informatique ratée chez Gifi
En 2023, j’ai suivi avec attention ce qui s’est produit chez Gifi, cette entreprise fondée en 1981 par Philippe Ginestet. Avec ses 600 magasins et environ 6000 employés en France, l’enseigne a subi une crise sans précédent suite à une migration informatique défaillante. Ce n’est pas le premier cas que j’observe dans ma carrière, mais celui-ci est particulièrement instructif.
Le cœur du problème ne résidait pas dans le logiciel lui-même, mais dans la préparation insuffisante de l’environnement organisationnel et humain. Lors de mes nombreux ateliers sur la transition numérique en bibliothèque, je rappelle toujours que le changement de système informatique n’est que la partie visible de l’iceberg. En dessous se cache tout un travail d’harmonisation des processus internes qui doit être réalisé en amont.
Cette migration a eu des conséquences catastrophiques sur les opérations quotidiennes de l’entreprise :
- Perturbation majeure de la gestion des stocks
- Désorganisation des commandes fournisseurs
- Chute significative du chiffre d’affaires
- Tensions de trésorerie critiques
- Amplification de la résistance au changement interne
J’ai pu constater que la reprise des données constitue un élément crucial lors d’un changement d’ERP. Sans cette étape soigneusement planifiée, même le meilleur système informatique devient inutilisable. Pour une structure de la taille de Gifi, avec son chiffre d’affaires de 1,5 milliard d’euros en 2023, une telle défaillance a rapidement pris des proportions dramatiques.
La mise en place d’un logiciel GED ou d’un ERP nécessite une méthodologie rigoureuse que j’ai souvent observée dans mes projets de médiation numérique. Sans cela, les conséquences peuvent être dévastatrices pour la continuité des opérations.
Restructuration et défis du marché pour Gifi
Face à cette crise informatique, Gifi traverse une phase de restructuration majeure. Philippe Ginestet, fondateur septuagénaire et propriétaire majoritaire, devrait céder les commandes opérationnelles. Un nouveau schéma de gouvernance prend forme avec l’instauration d’un directoire dont le président reste à nommer. Ce changement intervient dans un contexte financier extrêmement tendu.
Les banques vont acquérir 40% du capital en contrepartie de l’effacement d’une part substantielle de la dette. Philippe Ginestet conserverait 60% des parts via sa holding GPG. Le cabinet AlixPartners et Philippe Brochard, ancien directeur général d’Auchan France, ont élaboré un plan de restructuration qui requiert une refonte complète de l’approche métier et des systèmes d’information.
Au-delà des problèmes techniques, j’observe que Gifi fait face à des défis stratégiques considérables :
Défi | Impact | Solution potentielle |
---|---|---|
Concurrence agressive d’Action | Perte de parts de marché | Repositionnement de l’offre |
Attractivité client en baisse | Diminution de la fréquentation | Refonte de l’expérience client |
Offre produits-prix inadaptée | Désaffection des consommateurs | Révision de la stratégie commerciale |
Désorganisation interne | Démobilisation des équipes | Nouveau leadership et vision claire |
Cette situation me rappelle un projet d’hébergement compatible avec Linux que j’avais accompagné dans une médiathèque départementale. La migration avait failli échouer non pas pour des raisons techniques, mais parce que les utilisateurs n’avaient pas été suffisamment formés et impliqués en amont.
Perspectives futures et leçons à tirer
Des discussions sont en cours concernant une potentielle vente de l’enseigne, avec Moez Zouari comme acheteur intéressé. Ce dernier possède déjà plusieurs enseignes comme Picard, Stokomani et Maxi Bazar. Lazard a été mandaté pour accompagner Philippe Ginestet dans ces négociations délicates avec les acquéreurs potentiels.
Quelles que soient les décisions prises, la remise à plat des fondamentaux du métier s’impose comme une nécessité absolue pour redresser l’entreprise. Une révision complète de l’offre produits apparaît indispensable pour reconquérir l’attractivité perdue face à une concurrence toujours plus agressive.
Pour avoir travaillé sur des projets de transformation numérique, je sais combien il est crucial d’organiser et suivre un chantier informatique comme un professionnel. Les leçons à tirer de cette crise sont nombreuses :
- Toujours harmoniser les processus internes avant d’implémenter un nouveau système
- Former les équipes bien en amont de la migration
- Prévoir des scénarios de repli en cas de problème
- Tester abondamment avant le déploiement complet
- Impliquer les utilisateurs finaux dans la conception de la solution
La crise de Gifi illustre parfaitement le danger d’une approche purement technique des migrations informatiques. J’ai souvent constaté dans mes formations que la dimension humaine, organisationnelle et stratégique représente au moins 70% du succès d’un projet de cette envergure.
Cette situation montre également que même une entreprise solidement établie depuis plus de 40 ans peut se retrouver en difficulté majeure suite à une migration informatique mal conduite. Pour les 6500 salariés concernés, l’avenir dépendra largement de la capacité de la nouvelle gouvernance à restaurer un système d’information efficace tout en remobilisant les équipes autour d’un projet d’entreprise renouvelé.